Je vous propose un excellent compte-rendu de Jean-François Declecq au sujet du livre numérique. Son approche -plutôt technique- a le mérite de proposer également une réflexion stratégique. J'ai ajouté aux siennes mes réflexions du moment...
Dans cette jungle -plus touffue encore depuis le boom de 2010- émergent des modèles en tous genres.
Les choix les plus difficiles sont sans doute ceux auxquels font face les éditeurs: placés au centre (ou plutôt à la base) du processus de production, ils se retrouvent tiraillés entre de nouvelles pratiques de production (technologie numérique), de vente (plateformes qui méconnaissent les frontières), et de lecture (avec l'explosion du marché des tablettes numériques).
Les plateformes de vente en ligne endossent des rôles souvent multiples et brouillent les pistes. Elles proposent des formats de livres divers, des processus de mise en ligne parfois complexes... et risquent de laisser à l'éditeur une part fort réduite du gâteau... économique et décisionnel !
L'expérience se globalise (en ligne et off-line): c'est à celui qui offrira le meilleur "package" global que reviendra la palme! Entre les géants Google, Amazon et Apple, la bataille fait rage et se joue à tous les étages: étendue de l'offre de lecture, formats, étendues des services en ligne, usage des réseaux sociaux, explosion d'applications, de supports de lecture, etc.
Les divergences législatives qui persistent au sein de l'Europe ne font rien pour arranger les choses: les tendances se dessinent (baisse de la TVA applicable au livre numérique), mais le paysage n'est pas uniforme... sans parler des vides juridiques (ou technologiques?) en matière de protection des textes numériques et de leurs auteurs...
Côté consommateur, la demande évolue dans le bon sens: le lecteur s'intéresse de plus en plus au numérique, mais qui est-il ? Et que lit-il sur sa tablette ou son ordinateur? Ce type de support n'est-il réservé qu'à la littérature occupant le rayon des loisirs, de la jeunesse? Quelques experts (notamment en France: MOTIF) on déjà tenté de mesurer ces impacts, sans toutefois nous offrir d'étude vraiment complète.
Et comment penser l'avenir de nos librairies aux rayons remplis de livres papier? Combien de temps encore leurs pages séduiront-elles nos mains effeuilleuses? Sommes-nous tous prêts à (et capables de?) cliquer sur une borne pour choisir un livre virtuel et le payer (en monnaie, non sonnante et non trébuchante)? Si oui, alors, nous aurons certainement besoin un jour d'aller partager notre expérience de lecture avec autrui, et de matérialiser le moment en consommant autre chose, en guise de lien social ! Santé !
Conclusion: dans ce contexte aussi nébuleux et très mouvant, le rôle de l'éditeur semble se concentrer indubitablement sur sa qualité première: celle de proposer des auteurs de premier choix.
Passionate People:: 2010 the year of eReading from Patrice Roulive on Vimeo.
